3- Un poids trop important accordé aux pôles industriels

Un risque de ligne mono-fonctionnelle : de la « ligne de l’économie » à « la ligne à l’économie » ?

« Airbus Operations Colomiers », « Airbus Operations Saint-Martin », « Toulouse Airport », « Airbus Central Entity », « Airbus Group Headquarter », « Montaudran Aerospace Campus », « Airbus Defense and Space » : sur certains plans de communication édités par Tisséo-SMTC, la troisième ligne de métro apparaît quasiment comme une ligne exclusivement dédiée aux fonctions économiques et industrielles. Elle est systématiquement introduite comme « la ligne de l’économie et de l’innovation » auprès des institutionnels et « son tracé est destiné à relier les secteurs économiques de l’aéronautique, de l’espace et de la recherche ».

Certes, il s’agit là d’un des objectifs majeurs que l’on peut assigner à la nouvelle ligne. Mais ce vocable anglophone centré sur Airbus dénote aussi un certain travers du projet Toulouse Aerospace Express : un poids trop grand accordé aux pôles industriels dont la connexion entre eux ne fait pas sens à elle seule (quel intérêt de relier Airbus Saint-Martin à Airbus Astrium si beaucoup de secteurs de logement et de loisirs sont évités entre ?). Toutes ces stations prises isolément ont leur pertinence, mais globalement implanter 4 stations sur 19 proposées dans des sites Airbus semble très déséquilibré. Augmenter le nombre de stations par ailleurs (zones de résidence et centre-ville) permettrait de rééquilibrer les fonctionnalités de TAE tout en conservant ces « stations Airbus », premier pourvoyeur de versement-transport dans l’agglomération.

TAE ligne Airbus mono-fonctionnelle
Desservir les sites économiques tout en évitant la mono-fonctionnalité : l’équilibre à trouver pour TAE.

En effet, s’il ne fait aucun doute que les pôles économiques doivent être reliés, et qu’il est temps d’apporter un TCSP lourd du côté des sites de Saint-Martin-du-Touch et La Crabe, il faut aussi prendre garde à ce que la future infrastructure ne soit pas monofonctionnelle. Si en heure de pointe de la semaine les stations desservant des sites industriels seront fréquentées, de toute évidence ces dernières seront a contrario vides en heure creuse ou les weekends, d’autant plus si la ligne ne relie pas directement les centres-villes de Toulouse et des principaux secteurs de résidence des employés aéronautiques (Saint-Orens, Colomiers).

En outre, les enquêtes ménages-déplacements dont la dernière de 2013 révèlent que les motifs de déplacements professionnels (domicile-travail) sont talonnés par les motifs « loisirs ». Ces derniers prennent une place de plus en plus importante dans les résultats et ont majoritairement comme origine ou destination le centre de Toulouse, cœur battant de la métropole. Le rôle des sites universitaires de la 2ème ville estudiantine de France doit lui aussi être reconsidéré (plus de 100 000 étudiants).

Ces éléments plaident pour une meilleure prise en considération des centres urbains de Colomiers et de Toulouse par rapport au tracé de référence proposé. Une desserte de qualité des sites industriels majeurs doit bien sûr être assurée, sans que cela n’obère le trafic voyageurs en heure creuse ou les jours chômés. Les activités industrielles se transformant dans le temps au gré du progrès technologique et des besoins économiques, la configuration des sites aéronautiques est au reste susceptible d’évoluer ce qui fait peser un aléa sur une infrastructure aussi pérenne que le métro.